Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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civil, qu'au point de vue militaire, Ces préfets s'immiscent naturellement dans les conflits de la frontière, et, loin d'y apporter l'apaisement qu'on pourrait en attendre, n'ont fait, au moins jusqu’à ce moment, qu'envenimer les querelles, ‘et leur donner surtout un caractère plus sérieux aux yeux des pachas voisins, en engageant de plus en plus la responsabilité du gouvernement de Tsettinjé, dont ils ont au moins l'air de s'inspirer.

En face du pouvoir despotique du gospodar, nous retrouvons l'autorité ecclésiastique empruntant encore aux traditions du passé uün reste du prestige qui, pendant plusieurs siècles, entoura la personne des belliqueux évêques de la Monfagne-Noire.

Bien que depuis Pierre Il le rôle du métropolitain du Monténégro, des Berda, de Scutari et des Primoré ! soit devenu bien secondaire, le peuple conserve pour ce dignitaire un respect sincère et profond, et peut-être ne serait point fâché de le voir reprendre dans les affaires civiles un peu de cette autorité qui lui a été ravie tout à fait. Mais, ni Danilo, ni son neveu Nicolas , n'ont entendu laisser subsister à côté d'eux un pouvoir antagoniste avec lequel il fallût aussi compter, et leur but a été de resserrer dans ses plus étroites attributions le métropolitain. A l’avénement du prince Nicolas, le siége épiscopal se trouvait occupé par un homme des plus distingués, élevé aujourd'hui par le gouvernement russe à une haute dignité

1 « Ces deux derniers titres sont devenus des titres 2x partibus. On donnait le nom de Primoré à la portion du littoral adriatique comprise entre Cattaro et l'embouchure de la Boiana. Elle formait une province à part, comprise au nombre des grandes vassalités de l'empire serbe et que l'on voit figurer avec ses armes (un champ de gueules portant un bras cuirassé armé d'un glaive) sur l'écu de Douchan. (Usiar, les Serbes de Turquie.)