Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

318 , LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

Mariano Bolizza raconte ainsi les raisons pour lesquelles les estafettes monténégrines, habituces depuis longtemps à la vieille route , S'étaient décidées à prendre la route plus longue d'Herzégovine pour se rendre à Prislina. }

Dans le temps que Marc de Molin était recteur et provéditeur de Cattaro (1612), arriva à Podgoritsa, Ali Bey Mehmed Begovitch, pacha de Scutari, dans l'intention de faire payer aux Monténégrins le tribut auquel ils se refusaient absolument. Les moyens de persuasion et d’intimidation n'ayant point réussi, il se mit en marche avec trois mille combattants, parmi lesquels il fit venir les montagnards des Koutchi, passa la Moratcha, et s'en vint à Ljeskopolje ; puis, entrant au Monténégro, il mit à sac les villages de Stagnévitch et Goritza. Mais les Monténégrins qui l’attendaient au pied d’une montagne, retranchés dans un passage difficile, engagèrent le combat et le défirent complétement, Les estafottes monténégrines qui avaient à passer par la vieille route des Koutchi, que de tout temps elles avaient coutume de suivre, ignorant les événements survenus, furent massacrées; de telle sorte qu'ensuite les messagers ne voulaient plus se risquer dans cette route dangereuse. L'importance de la mission qu'ils avaient à remplir, fit rechercher une autre route passant par l'Herzégovine: mais celle-ci entraïnait un retard de six jours en été et: huit jours en hiver sur le voyage complet d'aller et retour, et comme les messagers étaient payés, quand ils suivaient la vieille route, à raison de quinze talari en été et de vingt talari en hiver, par homme et par voyage, on fut obligé de porter leur solde à vingt et vingt-cinq talari pour les faire Passer par la nouvelle route. C'était un sureroît annuel