Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE TREIZIÈME. 319

de dépenses de 500 ducats et, ce qui était plus capital encore, une perte inestimable de temps‘.

On resta sous ce régime pendant six années , et plus de trois mille ducats avaient été dépensés inutilement, quand vint à l'esprit de François Morosini, recteur de Cattaro, « personnage de grande valeur, de beaucoup d'expérience et d'un très-grand zèle pour la chose publique », de rouvrir la vieille route pour ramener les dépenses au chiffre primitif. Malgré les obstacles soulevés et les artifices inventés par des gens plus soucieux de Jeur intérêt particulier que du bien de l'État, il fit venir Mariano Bolizza et le chargea d'aller traiter cette affaire avec les gens des Koutchi et ceux du Monténégro, afin d'obtenir de nouveau le passage dans de bonnes conditions de sûreté.

Bolizza ayant accepté cette mission, se rendit de sa personne à Podgoritsa pour traiter de la paix entre les deux partis, et sa négociation ayant été menée à bonne fin, on tomba d'accord de permettre aux estafettes l'accès de la vieille route avec toutes les garanties du droitdes gens, à la seule condition qu'une indemnité de cent talari serait payée aux héritiers des morts, etque les cérémonies de la réconciliation seraient accompliessuivantles rites du pays. De plus, dans l'intérêt du service et pour en assurer mieux la sécurité, Bolizza jugea qu'il fallait enlever à Hassan Hergélovitch de Grude son indemnité annuelle de douze talari, puisqu'il se trouvait en dehors du chemin parcouru, et la reporter sur le comte Lale Drecalov; qu'il

1 Si che all anno summano cinque cento ducati di piu, oltre l'importanza ed il prezzo inestimabile del tempo, correndovi sei giornate di piu l'esta, Jet d'inverno otto, come si e detto di sopra. (Marraxo Borizza, loc. cit.)