Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE TREIZIÈME. 383

pont de Medjitsa, et le secours d'un guide devient alors indispensable pour gagner Danilograd et Oréa-Louka.

De ce dernier point jusqu'à Ostrog, la route est au moins aussi bonne qu'entre Cattaro et la capitale; mais dès que l’on quitte les Biélopavitj pour pénétrer dans la Zupa ou la Moratcha, les chemins ne sont plus que des sentiers fréquemment entrecoupés ou même interrompus, à travers lesquels les gens du pays sont seuls capables de diriger le voyageur. Celui-ci, du reste, devra alors dire adieu à toute espèce de bien-être et de commodité. L'abri de la tente est le seul qui puisse le garantir de la vermine qui infeste les cabanes, et si le pain de maïs, le lait et le fromage ne lui semblent point un confortable suffisant, il n'aura qu'à emporter avec lui toutes ses provisions de bouche. Si, partant de la Zéta, on se dirige vers les Piperi, les Koutchi, les Vassoievitj, plus grandes sont encore les difficultés, et certain même serait le danger, si la protection d'un périanik n'était pas accordée, dans ces circonstances, aux étrangers recommandés par leur gouvernement. Une expédition au Kom ou au Dormitor (deux mille six cents mètres d'altitude approximativement) sera donc toujours une entreprise difficile et quelque peu périlleuse, et la virginité de ces sommets se fait tout autant respecter que celle des montagnes les moins accessibles de l'Europe.

En 1873 fut commencé le tracé d’une route mettant plus directenient la capitale en relation avec Danilograd par la Katounska Nahia. Ce chemin nouveau, au sortir du village de Baïts, gravit les rochers escarpés qui, de ce côté, ferment la plaine de Tsettinjé, atteint Tcheklitch, Tchévo et plusieurs autres villages des plus riches du Monténégro, traverse une forêt de chênes, passe à Mar-