Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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de saint Vassili, avaient lieu des assemblées populaires, où se débattait librement le choix des juges à élire pour une nouvelle année. L'esprit général de ces élections était tel que les mêmes juges ne fussent point maintenus en activité, au delà de la période annuelle, à l'exception des autres membres du braisvo, mais qu'au contraire les aptitudes de chacun, son intelligence et sa moralité fussent à tour de rôle employées à l'exercice difficile de la justice. Quel que fût le nombre des frères dans une même maison (koutcha), un seul d’entre eux pouvait à la fois faire partie du tribunal; car au-dessus du tour légal des individus jouissant de la faveur de l'élection, existait le tour des maisons déléguant un de leurs membres aux fonctions judiciaires. Les condamnations antérieures, les vices reconnus, les incapacités morales de tout genre rendaient impropres à ce service public réclamant avant tout l'honnêteté la plus parfaite; et alors, les maisons n'étaient plus acceptées à revendiquer leur tour d'élection, pas plus que les individus le choix de leurs concitoyens. Les assemblées populaires, après avoir nommé les membres des tribunaux annuels, soumettaient leurs élections à la ratification du chef suprème du pays; or tel était le respect dû aux libres décisions des bratsvone par le souverain lui-même, que celui-ci n'eût pu, de sa propre autorité, imposer à une famille un juge qu’elle n’eût point par avance accepté. À moins d’une gravité exceptionnelle des causes qui leur étaient déférées, circonstance qui nécessitait l'intervention du vladika, les tribunaux jugeaient en dernier ressort toutes les affaires intéressant leur bratsvo respectif.

S'il arrivait par extraordinaire qu'un juge eût commis quelque faute capable d’entacher sa réputation, où qu il