Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. All

campement. Peut-être même doit-il à la multiplication des huis de sa demeure d'échapper à l’action néfaste d'un air confiné, alors que dans l’étroit espace de sa cabane s'accumulent pêle-mêle hommes, femmes et animaux ‘. Le sol des habitations, n'étant presque toujours formé que par la terre plus ou moins battue, se détrempe facilement, et, pendant la saison des pluies, se recouvre d'une boue grasse et fangeuse, au milieu de laquelle le voisinage de l’âtre offreiseul un îlot de refuge. Heureusement encore qu'une coutume invétérée proscrit des habitations les indispensables accessoires auxquels la civilisation consacre aujourd'hui dans nos demeures son luxe le plus utile, disons même le plus indispensable. Les maisons monténégrines échappent ainsi à une cause d'infection qui les rendrait promptement inhabitables : la suppression de semblables annexes est donc en quelque sorte un bienfait pour la santé publique.

Hiver comme été, l'habitant de la Montagne-Noire n'apporte à peu près aucun changement à la manière de se vêtir, et même, comme il méprise l'usage du parapluie, la strouka qui l'a défendu contre le froid le garantira de la pluie pendant la saison chaude, et le suivra partout. La tête couverte de sa kapa, qui ne protége ni le front, ni les yeux, ni la nuque, il voyage pendant des journées entières sous un ciel ardent, ou poursuit tran-

à) Rappelons à ce propos l'expérience concluante de Jackson, médecin de l'armée anglaise aux États-Unis en 1780, qui, au lieu de confiner ses malades dans l'atmosphère empestée des hôpitaux, les abandonnaït sur des charrettes, jour et nuit, à toutes les intempéries de l'atmosphère, leur procurant ainsi le bénéfice inespéré de la guérison. (Ravazn Marrix, Influence of tropical climates.) Rappelons encore (car les exemples seraient faciles à multiplier) l'installation si heureuse des hôpitaux sous tente, hardiment préconisée par Scrive et Michel Lévy, pendant la guerre de Crimée.