Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 413

Le gibier de tout genre n'entre en aucune façon dans l'alimentation des Monténégrins : non-seulement ils n’en font aucun cas, mais ils semblent le considérer comme malsain. Aussi l’on pouvait, il y a quelques années encore, se procurer à Tsettinjé pour un swanzig un lièvre des plus beaux et une perdrix pour quelques kreutzers. Dans les villages, les gens qui se hasardent à manger du poulet sont vivement critiqués ; non pas que cette viande soit réputée mauvaise, mais parce que c'est un luxe inutile : ce n'est pas pour nous, disent-ils, c'est pour les riches et les étrangers.

Le lait et tous les aliments qui en dérivent, et surtout le lait caillé, sont en grande faveur en Tsernagore. Cette nourriture, complète dans sa simplicité, convient en effet plus que toute autre au tempérament nerveux-sanquin du Monténégrin. Sur les sommets élevés de ses montagnes, où l'air raréfé surexcite ses organes, une alimentation tempérante contrebalance pour Jui la stimulation atmosphérique; elle lui donne, comme on l'a dit pour les montagnards de la Suisse, « la vigueur du corps et l'harmonie du physique et du moral ».

L'usage général et constant du pain de maïs ne nous a pas paru amener au Monténégro les résultats qui lui ont été à juste titre attribués en Lombardie, en Espagne et dans certaines localités du midi de la France. La maladie décrite pour la première fois par Casal en 1735, sous le nom de mal de la Rosa, et étudiée si souvent depuis sous le nom de pellagre, est mconnue, au moins sous son type complet, dans la Montagne-Noire, ce qui

tandis que Mouriès, de son côté, reconnaissait que le son, jouant le rôle de ferment, a une grande importance dans la panification et même dans la digestion.