Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 491

comme étant sous la dépendance du safra, c'est-à-dire de la bile, il leur semble nécessaire de s'en débarrasser par les vomissements. Mais pour produire ces derniers il leur faut un médicament d’une Free insolile, vu leur habitude de manger les mets les plus épicés et d’ bo de grandes quantités d’eau-de-vie. Leur estomac résistant à de fortes doses de tartre stibié et d'ipécacuanha, ils savent se procurer un émétique violent au moyen d'une eau qui a séjourné pendant trois jours dans une tigua (citrouille). S'ils ont quelque tumeur ulcérée ils mettent au fond de la plaie le résidu caustique et noirâtre, abondant en nicotine, qui se trouve au fond de leur tchibouk.

Quant aux prescriptions du médecin elles sont généralement contrôlées, discutées par un aréopage plus ou moins savant de parents ou de voisins qui, apportant chacun leur avis, jettent le malade dans une telle perplexité, qu'il en oublie absolument les ordonnances de l'homme de Fart. Aussi, dans l'immense majorité des

cas, le rôle de ce He devient absolument nul. Il ne saurait du reste empêcher le malade de manger, de boire de l'eau-de-vie ou du lait caillé, et c’est avec la plus imperturbable assurance qu’on nie devant lui toutes les imprudences commises dans les intervalles de ses visites. Et puis il faut être possédé d'un dévouement à toute épreuve, pour pousser des investigations médicales à leurs dernières limites sur des gens dont le contact peut devenir sinon dangereux, tout au moins fort désagréable dans ses conséquences.

Les affections des yeux, de quelque nature qu’elles

1 Leurs voisins turcs, de leur côté, regardent toutes les maladies comme hkémorroïdales. 24