Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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soient, sont généralement traitées par l'occlusion à laquelle on ajoute l'application imprudente d'une plante appelée dregniak, employée soit à l’état frais soit en poudre sèche, genre de traitement qui, le plus souvent, fait empirer le mal, au lieu de l'améliorer.

Les médicastres monténégrins ne prennent point volontiers la responsabilité d'une opération de grande chirurgie : il faut qu’un membre soit à peu près détaché, pour qu'ils en achèvent la séparation. Dans le cas de gangrène ils approchent du feu la partie mortifiée, et, suivant qu'elle reste insensible ou non, ils se décident à compléter l'œuvre de la nature. Mais toutes les fois qu'ils trouvent l’occasion de faire l'emploi de leurs drogues ils ne sauraient ÿ manquer. Un jeune homme ayant eu le poumon traversé par une balle, nous venions de recommander les moyens les plus rationnels que la science indique en cette circonstance. Mais quelques instants ne s'étaient pas écoulés que, malgré toutes nos défenses, l'auberge où avait été recueilli le blessé, fut envahie par une multude incessamment renouvelée, accablant le malade de ses questions et de ses conseils. Bientôt arriva un chirurgien fameux du pays, armé de tous les ingrédients de sa thérapeutique. Il commença par confectionner une mèche ou plutôt un long tampon de linge qu'il enduisit d’onguent et dont il traversa la plaie de part en part. Puis chaque jour cette manœuvre fut recommencée jusqu'à ce qu'une suppuration abondante envahit la poitrine. Pour en débarrasser celle-ci, on forçait alors le malade à se mettre à quatre pattes, et dans cette position on lui ramonait en quelque sorte le poumon, jusqu'à ce qu'enfin mort s'ensuivit. Le malheureux avait pourtant, comme par miracle, résisté pendant une dizaine de jours aux