Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE QUINZIÈME. 421

priétés de l'air, dilaté ici dans l'oreille externe et vivement appelé par le vide dans la trompe d'Eustache et dans la caisse du tympan, de facon à les désobstruer? Mais quel abime entre le tube auriculaire des Monténégrins et les appareils de Hauke ou de Waldenburg, si fructueusement exploités par un lucratif chariatanisme ! Sans multiplier davantage ces citations, nous dirons quelques mots encore d'une pratique chirurgicale répandue très-anciennement dans le pays, et à laquelle s'attacha de tout temps une confiance illimitée : c’est la trépanation du crâne, opération dont le nom seul fait aujourd’hui frémir le vulgaire, et qui, chez les Monténégrins, comme chez les Arabes, n'excite guère plus d'appréhension qu'une simple saignée chez nous. Il ne faudrait pas croire pourtant que tous les médecins ou rebouteurs du pays se livrent indistinctement à la trépanation : elle est en quelque sorte la propriété d'une famille de la Tsernitsa, nommée Illitchkovitch, où, depuis plusieurs générations, on n’a cessé de trépaner à tout propos les gens de la Montagne-Noire.

Les Monténégrins rapportant à un épanchement de sang intra-crânien, ou à la stagnation du sang sous la boîte osseuse la cause de toute espèce de douleurs de tète, il était naturel qu'ils cherchassent à s’en délivrer en pénétrant jusqu'au siége même de la maladie. De là cette facilité avec laquelle ils s'exposent à l'opération dangereuse de la perforation du crâne, tantôt pour des douleurs consécutives à des coups ou à des chutes sur la tête, tantôt pour de simples névralgies plus ou moins persistantes. Reconnaissons du reste que la fréquence parmi eux et l'intensité toute particulière de ces névroses, résidant soit dans le cerveau lui-même,