Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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soit dans les nerfs épicräniens, justifient jusqu'à un certain point les tentatives répétées auxquelles ils se soumetlent quelquefois, tant qu'un soulagement véritable ne s’est point manifesié dans leur état. En dehors des individus sur lesquels nous avons pu fréquemment constater nous-mêmes les traces d'une ou plusieurs trépanations, on nous en à cité qui avaient, sans accident, supporté huit ou dix fois cette opération. Du reste, les faits enregistrés par la science elle-même démontrent avec quelle facilité le crâne se prête non-seulement à la manœuvre du trépan, mais encore à celle de la gouge et du maillet. Si Maréchal put trépaner douze fois une jeune fille et réunir tous ces trous en une large ouverture ; si Métrie de la Touche put le faire cinquante-deux fois sur le même individu, sans le tuer; si la Peyronnie employa tout un arsenal de serrurerie pour faire sauter un frontal presque entier ; si le fait rapporté par Saviard d’un individu qui remplaçait avec le fond d'une courge les trois quarts de son crâne enlevés est authentique, on doit comprendre aussi que l’on vive au Monténégro avec une douzaine de trous dans la boife erânienne, sans en être le moins du monde incommodé. Ainsi s'explique cette boutade d'un grand chirurgien de nos jours, adversaire du trépan, traduisant ainsi son peu de croyance en son efficacité : « Les succès obtenus par la trépanation prouvent simplement que cette opération n'est point en elle-même nécessairement mortelle. »

Quant au manuel opératoire employé par les chirurgiens monténégrins, nous ne saurions le décrire de visu, les Illitchkovitch ne voulant à aucun prix travailler sous les yeux d'un étranger; aussi nous nous permettrons d'emprunter à M. le docteur Boulongne la description