Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE PREMIER. 89

sujette aux contestations eût supprimé du jour au lendemain tous ces motifs d'hostilité qui, dans le passé, faisaient la fortune des Tchétas et entretenaient l'esprit d'animosité contre les Tures; que le doute existe seulement sur une question de droit, et la finesse monténérine saura se jouer de toutes les subtilités du divan.

En ne considérant que l'étroitesse des limites du Monténégro, et surtout en le supposant en possession des moyens de communication dont nos localités les plus reculées sont aujourd’hui pourvues, on se ferait une très-fausse idée du temps que peut exiger le transport d'un voyageur d'un point à un autre du pays; car, à part des sentiers plus ou moins étroits, quelquefois à peine tracés sur le rocher, et coupés à chaque instant par des obstacles qui obligent le cavalier lui-même à mettre pied à terre, la principauté n'a pas une seule voie de communication qui puisse être qualifiée du nom de route : nous n’en exceptons pas même le chemin tracé en 1869 pour faciliter les relations entre Tsettinjé et le pays des Berda. Aussi, le touriste qui, partant du port de Cattaro, aurait pour objectif la pointe orientale des Berda, ou seulement le mont Kom, ne saurait prétendre à attendre son but avant la sixième journée d’un voyage des plus pénibles, bien que la distance à vol d'oiseau n'excède point cent quinze kilomètres. De la pointe méridionale de la principauté, c'est-à-dire du mont Bersuta jusqu'à son extrémité septentrionale au voisinage du Dormitor, la distance est de quatre-vingt-quinze kilomètres ; des confins de Rudine et de Grahovo jusqu’à la pointe extrême des Vasojevici Dolnji, ce qui représente la ligne la plus étendue d’une frontière à l’autre, elle est de cent douze kilomètres, et non point, comme on l’a écrit, de trente-