Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution

534 LE MOUVEMENT DES IDÉES

tégrer à la Convention la bourgeoisie girondine, et inaugura l’orgie révolutionnaire de thermidor. » (P. 709.)

N’admirez-vous pas, une fois de plus, combien il est facile d'interpréter les faits et de juger les hommes, quand on possède un critère bien défini, simple et catégorique? Or, M. Kropotkine possède ce critère : c’est la Révolution égalitaire et communiste. Elle est la mesure de toutes choses : selon qu’on l’'accepte ou qu’on ne l’accepte pas, on est dans la vérité ou dans l'erreur ; selon qu’on l’aide ou qu’on la contrarie, on a bien ou mal mérité de l’histoire. Qui n’est pas pour elle, et pour toutes ses conséquences, est contre elle, et dans le mensonge. — Quand on a bien compris ce point de vue, — et on le comprend en ouvrant le volume, on ne s'étonne plus d'aucun des jugements de M. Kropotkine. IV

Et pourtant.

[Il me semble qu'avec sa loyauté d'esprit, sa sincérité, sa vaste culture, son intelligence, M. Kropotkine aurait pu comprendre un peu mieux ses adversaires, et leur rendre justice. Mais il faut reconnaître qu'il ne l’a pas fait : il est injuste pour tous ceux qui, révolutionnaires ou réactionnaires, conservateurs modérés ou violents, n’acceptent pas intégralement le programme communiste, où combattent les efforts qui tendent à le faire triompher. Il écrira, par exemple, à propos des insurrections que fomentaient en province les contre-révolutionnaires, pendant l'été de 1791 :

« Et qu'on ne nous dise pas que ces conspirateurs et - ces rassemblements étaient peu nombreux. C’est que les révolutionnaires aussi, ceux du moins qui étaient décidés à agir, — n'étaient pas nombreux non plus.