Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

4 LE PAOTE DE FAMINE uns mentent purement et simplement ; les autres, sectaires ou igno rants, trompent en se trompant.

Ainsi s'est créée la légende révolutionnaire, qui, bientôt, popularisbe par le roman et le théâtre et consacrée par ce grand argument, la répétition, n'a pas tardé à trouver pour la défendre énergiquement les deux classes les plus actives de l'humanité : les badauds et les ambitieux, les premiers la vénérant au nom dn respect qu’on doit aux opinions courantes, les seconds tellement intéressés à perpétuer l'erreur qu'ils ne veulent même pas ouvrir les yeux, de crainte d’avoir à la constater.

Le nombre de ces fausses légendes révolutionnaires est tellement considérable, et l’histoire générale en est tellement obscurcie, qu’il faut reconnaître qu'avant les impartiales études de M. H. Taine, elle était à refaire presque en entier.

La faute en doit surtout revenir aux premiers historiens de la Révolution : ils ont procédé par généralisation, avant d'être suffisamment édifiés sur l'authenticité des détails. Ils ont appliqué à l'étude de cette époque la méthode dont s'était précisément servie la Révolution pour triompher de l’Ancien Régime, l'esprit du Contrat social, — qui fut la grande arme contre la France monarchique, — ayant pour base une entité, ingénieuse en théorie, mais impossible dans la pratique : l'identité morale et physique de tous les individus *.

Les premières histoires de la Révolution sont, en effet, des histoires générales, des vues d'ensemble qui avaient mille raisons d'être erronées : on était près des évènements, et tantôt l'esprit de parti faisait juger certains d’entre eux avec une sévérité sans mesure, tantôt la crainte de froisser les survivants de ce drame sanglant contraignait les narrateurs à de coupables tempéraments sur des fautes, même sur des crimes, qu'ils auraient dû impitoyablement flétrir. Il en résulta que les divers incidents de cette époque furent travestis ; plusieurs qui n'auraient dû occuper qu'une place secondaire, furent mis en relief, pendant qu'on parlait seulement pour mémoire de faits qu'on aurait dû placer au premier plan.

4. L'esprit, la science, la morale d’un peuple n’est pas un composé d'unités égales dont chaque individu possède une unité, mais bien la somme de l'esprit, de la science, de la morale de tous ; les uns faisant un apport mineur positif, les autres un apport nul et les derniers ün apport mineur négatif, en passant par tous les degrés de ces deux infinis: