Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

20 LE PACTE DE FAMINE

Cet ensemble d'ordonnances suffit à tous les besoins pendant les règnes de Henri IV et de Louis XIII. Nous trouvons simplement une ordonnance du Châtelet, du 13 décembre 1630, qui pour faire face à la disette « oblige les marchands à venir déclarer au greffe de la police la quantité de grains qu’ils ont acheptez, en faire magasin dans la ville ‘.. »

Pendant le rèone de Louis XIV, les ministres et le Roi déploient une très grande activité, soit pour atténuer les effets de la disette, soit pour la prévenir lorsque cela est possible : Poursuites contre les accapareurs, mise en vigueur de l’édit du 20 octobre 1573 ordonnant des « achapts hors du royaume ou ès provinces lointaines ; » secours directs aux pauvres, rien n’est épargne. La nécessité dans laquelle se trouva, à plusieurs reprises, le gouvernement, d'employer ces mesures, donna lieu à la création d’une espèce de bureau que l’on appela l'administration des blés du Roi ?, administration toute paternelle, qui ne fut nullement installée pour apporter de nouveaux revenus à l'Etat, mais bien au contraire pour soulager, aux frais de l'Etat, les classes pauvres, en temps de disette, ainsi qu'on le verra plus loin.

Une sentence du Châtelet, du 20 octobre 1660, nous montre à quelle catégorie d’accapareurs la police avait à faire, et les moyens ênergiques qu’elle employait pour atténuer les mauvaiseffets de leur trafic. Des commissaires envoyées en Champagne mettent la mainsur des magasins de blé considérables, dans lesquels « on découvre toutes les usures, les monopoles, les magasins de plusieurs années, les bleds gastez et jettez de nuit dans les rivières, pour avoir été gardez trop longtemps ; les sociétés vicieuses, les faux bruits répandus, la connivence de quelques officiers et toutes les autres causes qui entretenoient la disette et la cherté des grains. » C’est à ces genres d'associations, toutes locales, toutes temporaires, associations de marchands de grains corrompant quelques bas officiers pour frauder

magasin était creusé dans le roc ; qu'on en avait muré l'entrée ; que le blé y était amassé depuis cent dix ans ; et que la calotte n’y était formée que par une germination du grain sur un pied de superficie. » Le Grand d'Aussy, op. cit., I. 39; le commentateur de l'édition de 1815 croit qu'il faut attribuer à Metz la découverte que Le Grand prétend avoir été faite à Sedan. Le blé aurait été enfermé depuis 1528 et, en 1707, on fit avec cette réserve du pain qui fut trouvé très bon. En 1744, lors du séjour de Louis XV à Metz, on lui en présenta, mais il fut trouvé insipide.

4. Delamarre, I, 705-1019.

9, P. Clément, Portraits historiques, 400.