Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

48 LE PACTE DE FAMINE

du conseil du 23 novembre dernier. Je conviens que l’objet des opérations auxquelles je me livre sous votre autorisation est tel que je ne dois pas même croire qu'on puisse concevoir l’idée d'élever à ce sujet des difficultés, moins encore de le permettre. Si cependant il arrivait contre toute vraisemblance que l'exercice de l'espèce de pouvoirs que vous avez la bonté de me confier, relativement à l'exécution de cet arrêt, excitât quelque réclamation, vous sentez, Monsieur, qu'il serait extrêmement important pour moi d’être appuyé sur une autorisation en forme qui justifiàt ma conduite. Je ne puis me livrer à cette opération sans le concours d'un grand nombre de personnes, qui sont avouées de moi par une correspondance suivie et multipliée, par des instructions écrites, que je suis obligé de leur donner pour les diriger et fixer les bornes de l'espèce d'action que je leur remets, action de pure surveillance et de simple excitation, à la vérité, mais on peut prendre de l'ombrage et des alarmes. Je concois parfaitement la sagesse des raisons qui peuvent faire craindre la publicité de cette attribution, . mais 1 j'observe à M. de Villedeuil que tant que la loi qu'il ordonnera restera entre mes mains, et certainement elle y restera fidèlement, cette crainte est nulle. Je ne puis donc me dispenser, Monsieur, d'insister pour obtenir cette loi qui m'est de la plus grande importance, et j'ose espérer que sous cette condition, qu’il est même de mon intérêt d'observer pour ne pas voir contrarier un arrêté aussi essentiel et aussi urgent, elle me soit accordée?. Je ne me relâcherai pas, Monsieur, du zèle et de l’activité que je m’efforce de mettre dans ces opérations, trop heureux de pouvoir obtenir votre suffrage et votre approbation. Je suis 3...»

Pour bien comprendre le véritable sens de cette lettre, il faut se rappeler qu’à cette époque les assemblées provinciales et leurs commissions intermédiaires étaient en discussions constantes avec les intendants et leurs subdélégues dont elles auraient voulu détruire ou diminuer la prépondérance ; mais les populations n’en continuaient pas moins à s'adresser aux anciennes administrations dans les jours d’infortune *.

1 Le gouvernement ne voulait pas s’attirer la haine desproducteurs auquels il était obligé de faire tort au profit des consommateurs beaucoup plus nombreux.

2 L’arrêt, dont il s’agit, ordonnait des mesures contre les accapareurs, et tout fait supposer que ces pouvoirs en forme ont été donnés par Necker.

3 Archives de M. le comte Charles de Bertier.

# Pour se rendre un compte bien exact des attributions des intendants et des