Le Royaume de Monténégro : avec une carte

68 LE ROYAUME DE MONTENEGRO

La mobilisation de ces derniers peut être assurée en quelques heures. Les autorités donnent les ordres télégraphiquement (le télégraphe dessert à présent tout le pays, et toutes les villes sont reliées entre elles par fil). De chaque ville partent, sans délai, des estafettes qui, rapidement, vont prévenir les diverses compagnies, lesquelles sont sur pied en quelques instants. Chaque sous-offcier se présente alors, accompagné de ses dix hommes, au capitaine qui, à la tête de sa compagnie, se rend à la capitale du district, où le colonel en passe l'inspection. Les choses, du moins, sont ainsi prévues en principe, et, si les autorités militaires ont cru devoir prendre d’autres dispositions, les capitaines en sont informés sur-le-champ.

Tout ce qui se rapporte à l’organisation militaire est bien compris: les armes, les canons à tir rapide, les mitrailleuses ne laissent rien à désirer; le génie, eu égard aux circonstances, est également à hauteur de sa mission.

Le service des ambulances n’est pas, par contre, ce qu'il devrait être. Quatre officiers de santé seulement devront donner leurs soins à toute l’armée.

Si l’on tient compte de la situation pécuniaire de l'État, ces médecins ne sont pas trop mal partagés comme traitement, car ils touchent 3.600 couronnes par an. Cependant nous ne croyons pas que cela soit suffisant pour allécher les médecins des armées étrangères et décider quelques-uns d’entre eux à offrir leurs services au Monténégro.

Nous le répétons, le Monténégrin est né soldat. Un homme non armé est un homme jugé incapable de jouir des bienfaits de la liberté. Si vous voulez punir sévèrement un de ces montagnards et l'humilier, désarmez-le. « Mon frère ne m'est pas plus cher que mon fusil»: voilà des mots qu’il prononce fréquemment. Il ne se sépare jamais de son revolver, chargé à balles. Le Roï les encourage même à le porter. Quand Sa Majesté rencontre un de ses sujets sur la route, elle l’arrête, inspecte son revolver et punit celui qui est trouvé porteur d’une arme inoffensive.

Done, si le Monténégro n'a pas d'armée, on peut dire que les Monténégrins forment un peuple constamment sous les armes.

Un bataillon complet est toujours de service et ce bataillon