Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
== 10 —
Rome par le Gouvernement de la Reine et à acheminer les choses lentement et peu à peu vers le bien. Le Cardinal s’en est rétéré souvent à l’arbitrage du Gouvernement du Roi qui «savait, dit-il, entendre et parler le langage catholique». Il a invoqué aussi, à plusieurs reprises, avec insistance et détails, comme un témoignage et un précédent, le souvenir de la négociation suivie par lui avec le Portugal, négociation où il s’est efforcé de manifester le complet déssintéressement du Saint-Siège en matière politique, dès que la question religieuse était engagée.
Le développement de cette idée a amené le Secrétaire d'Etat à reprendre pour son compte un mot dont je m'étais servi dans la conversation. Je lui avais dit, à propos de don Carlos que: «Si un despotisme moderne était possible en Espagne, un despotisme ancien ne l'était plus». Après avoir longuement protesté de son indifférence pour les personnes et pour les causes qu'il subordonnait toutes à la grande cause de la Foi, abordant l'examen de ces personnages et de ces causes mêmes, il m'a répété qu'il pensait en effet que pour faire quelque bien à l'Espagne, don Carlos devrait devenir un Prince moderne ou modéré et qu'il le jugeait tout à fait en dehors de ces conditions, tant par les idées générales dont il était le représentant que par celles particulières qu’il tenait de son éducation.
Le Secrétaire d'Etat a voulu rehausser le prix de cet aveu par la recommandation d’une extrème discrétion.
Votre Excellence voit que le résultat de ma conversation sur l'Espagne a été peu précis, mais je ne dirai pas qu'il a été complètement stérile, sinon en ce qu'il a produit, du moins en ce qu’il a constaté. [Il en résulte en effet pour moï:
1.” Que, soit modification de jugement, soit déférence pour l'intervention officieuse de la France, le Saint-Siège se regarde comme obligé envers le Gouvernement de la Reine à des représailles de bienveillance et que l'énumératién même des concessions peu sérieuses qu'il lui a faites, destinée à donner le change sur celles réellement décisives qu'il lui refuse, est une ruse de conscience sans durée et sans solidité, dont la fragilité
ne résistera pas à des sommations répétées et prévues.