Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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vont faire les Cortès relativement au décret de suspension de la vente des biens du Clergé, et comme j’émettais l’opinion que le décret serait approuvé, et comme j'ajoutais que dès lors je ne voyais plus quels griefs sérieux le Saint-Siége aurait contre le Cabinet, Son Eminence m'arrêta pour me dire qu'il en. existait d’autres, dont au reste le Gouvernement espagnol avait la liste entre les mains; Qu'il y avait encore bien des actes révolutionnaires à révoquer; Qu'il comprenait que dans la situation actuelle des esprits en Espagne, ces changements ne pouvaient pas s’opérer tout d’un coup et sans préparation, mais qu'il fallait que le Gouvernement entrât du moins dans la voie de ces réformes, et, se reportant alors à ce qui s'était fait avec le Portugal, il me rappela que la Reine Doña Maria avait commencé par envoyer à Rome le vicomte dé Carreira pour s'entendre sur les principes généraux à poser, lesquels, une fois admis de part et d’autre, avaient pu servir de base aux négociations, mais qu’on n’en était ._ pas là avec l'Espagne; Qu'ainsi rien n’était mûr encore pour négocier. k
Je ne manquai pas de répliquer à Son Eminence que, bien je n’eusse aucune instruction à ce sujet, je ne doutais cependant pas qu'à Madrid on ne fût disposé à donner à un envoyé spécial une mission analogue à celle qu'avait reçue le Vicomte de Carreira, si on pouvait avoir la certitude que ce personnage serait reçu par le Saint-Siège, comme l’avait été l’envoyé portugais, et qu'il suffirait que le Pape exprimât le moindre désir à ce sujet pour que ce désir fût immédiatement satisfait.
À cette ouverture précise le Cardinal ne répondit que par des généralités assez vagues et finit par me dire qu’à son passage à Paris Monseigneur Capaccini (1) avait eu avec le Roi sur tout
(1) Caraccmmi (François) (1784-1845). Ordonné pêtre en 1807, se voua d'abord à des travaux de physique et d'astronomie et fut, pour cette rai son, appelé à prendre en 1811 la direction de l'Observatoire de Na ples qu'il conserva jusqu'en 1815. Nommé, en 1824, par Léon XII, Sous-Secrétaire des Brefs, envoyé en 1826 en Hollande pour aider le Cardinal Capellari chargé de fixer les termes d'un Concordat avec ce Royaume, Nonce à la Haye en 1828, il fut, en 1831, appelé par Grégroire XVI à faire partie de