Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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«J'ai peu de choses de nouveau à dire à Votre Excellence, mande-t-il le 8 décembre, sur les dispositions de la Cour de Rome relativement à l'Espagne. J’ai vu cette semaine Monseigneur Capaccini et le cardinal Lambruschini; mais ils n'avaient pas encore eu sur ce sujet la conversation annoncée: Monseigneur Capaccini m'a paru être tout à fait dans des vues conformes aux nôtres et, bien qu’il ne possède pas la confiance du cardinal Secrétaire d'Etat, son opinion ne peut cependant manquer d'exercer une influence favorable à cause de la haute et bien juste estime que l’on professe ici pour sa capacité et ses lumiè res. Au reste, le peu de mots due j'ai échangés avec le Cardinal Secrétaire d'Etat dans nos dernières conversations n’ont fait que confirmer l'opinion que j'ai exprimée dans ma lettre du 17 novembre sur les progrès qu'a faits, dans l’esprit du Pape et de ses conseillers l’idée d'un rapprochement avec la Cour de Madrid. Ils semblent avoir renoncé à leurs chimériques espérances concernant le mariage de la Reine avec le fils de don Carlos. Le projet de réforme de la Constitution leur plait, surtout en ce qu'il attaque le principe révolutionnaire et, pour résumer leurs pensées actuelles en me servant presque textuellement des expressions du cardinal Lambruschini, ils ne sont point hostiles au projet d’arrangement avec l'Espagne. Seulement, ils ne veulent marcher en cette question que selon les lois de la circonspection et de la prudence, ce qui signifie en d’autres termes, qu'ils n'en sont plus qu'à vouloir temporiser pour voir si décidément le système actuel prend de la consistance et comment seront résolues les questions religieuses, dont le Congrès ne peut manquer
d’être bientôt saisi.»
En lisant attentivement la correspondance de Latour-Maubourg avec le Département, on sera, je pense, amené à trouver quelque peu sévère et même inmérité le jugement que Guizot
porta sur ce diplomate dans ses Mémoires (tome vu, page 393):