Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
— 60 —
lors que des influences contraires cherchassent à agir sur le Gouvernement Pontifical et tentassent de l’engager à ne répondre qu'avec peu d’empressement à la demande que vous êtes chargé d'appuyer. Il est donc urgent que vous mettiez tous vos soins à la faire accueillir le plus promptement possible.
Le mariage de la reine Isabelle avec le duc de Cadix est un fait de la plus haute importance pour l'Espagne, pour sa tranquillité intérieure, pour son avenir. Il doit avoir pour résultat de faire cesser une crise qui ne pourrait se prolonger sans péril, de mettre fin aux intrigues de parti, dont cette question était la cause ou le prétexte, de rallier franchement la Nation autour du Trône et en même temps de donner au Gouvernement plus de liberté et de facilité pour travailler à !a consolidation de l'ordre et au développement de la prospérité du Pays. Cette combinaison était, en l'état des choses, la meilleure et la seule praticable du moment où le Roi, fidèle aux inspirations d’une politique loyale et désintéressée, renonçait à la main de la Reine pour un de ses fils et lorsque des impossibilités de situation trop évidentes ou des exigences politiques tout aussi manifestes écartaient irrévocablement d’autres candidats. C’est un mariage espagnol, consenti par la Reine dañs toute la plénitude de sa volonté et de ses droits, qui satisfait aux intérêts comme aux sympathies de la très grande majorité du peuple espagnol, qui ne saurait causer d'ombrage à aucune Puissance et qui, à tous les titres, réunit les conditions et les garanties les plus désirables. C'est ce qu'aucun esprit impartial et réfléchi ne saurait nier, et c’est aussi, j'aime à le croire, ce que le Pape Pie IX ne méconnaïîtra pas, ce dont il saura tenir compte dans sa haute sagesse et dans sa sollicitude de Père commun des Fidèles pour une Reine et pour un Royaume catholique, dont il doit être le premier à désirer le bonheur.
Je n'insisterai pas davantage sur toutes ces importantes considérations. Elles se présentent d’elles-mêmes et vous saurez au besoin les développer et les faire valoir avec autant d’évidence que d’habilité.»