Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

oo conciliante et correcte, mais presque bienveillante et empressée, adoptée par la Saint-Siège lorsqu'il s’agit d'accorder les dispenses indispensables à la célebration des mariages espagnols, n’était en effet rien moins qu'une preuve maniteste des dispositions de Pie IX, par cela même qu'un pareil acte impliquait la reconnaissance de la reine Isabelle.

Paris, 2 septembre 1846 (1). MONSIEUR LE COMTE.

«Je vous ai mandé par ma dépêche télégraphique de ce matin que la reine d'Espagne avait décidé, le 28 août dernier son mariage avec l’Infant don François d'Assise, duc de Cadix, son cousin, et que le même jour, l'Ambassadeur du Roi à Madrid et le Président du Conseil de Sa Majesté Catholique avaient signé un engagement de mariage entre Son Altesse Royale, Monseigneur le duc de Montpensier et Son Altesse Royale l'Infante Marie-Louise-Ferdinande, sœur de la Reine.

Je vous ai également annoncé qu’un courrier expédié de Madrid à M. Castillo lui portait des instructions qui lui prescrivaient de solliciter des dispenses du Pape pour cette double union et de se concerter avec vous. Il est donc nécessaire que vous unissiez vos démarches à celles de cet envoyé et je vous renouvelle, Monsieur le Comte, de la manière la plus expresse la recommandation de ne rien négliger pour que ces dispenses soient accordées sans délai.

On n’est pas sans inquiétudes à Madrid sur les dispositions de la Cour de Rome à cet égard, dans un moment où la situation entre l'Espagne et le Saint-Siège n’est pas encore bien éclaircie et où la Reine n'est pas formellement reconnue par le Pape. D'un autre côté, on ne saurait se dissimuler que l'union de cette jeune Souveraine avec un des fils de don François de Paule est de nature à contrarier les vues de plusieurs Cours. Il se pourrait dès

(1) Rome. Volume 986, n° 48, folio 280. Guizot au comte Rossi. Paris, 2 septembre 1846.