Le système continental et la Suisse 1803-1813

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chandises qu'avec les matières textiles américaines aux filaments plus fins et plus longs.

La contrebande avait probablement contribué pour sa part aux oscillations surprenantes des dernières années. On peut admettre qu’en 1812 une certaine quantité de cotons « des colonies » avait passé la frontière comme cotons du Levant sous le couvert de faux certificats. La fraude dévoilée, ils retournaient en 1813 reprendre leur place dans Ia rubrique des produits américains !.

Passons aux filés. Leur importation avait été presque entièrement suspendue pendant les premiers mois de 1811, mais dans les deux années 1812 et 1813, elle redoubla d’intensité. Suivant une progression très rapide, elle comptait

en 1811 en 1812 et en 1813 118 715 livres 424 492 livres 7182 143 livres.

D'où provenait cette recrudescence alors que l’activité des fabriques indigènes était complètement paralysée à ce moment ? On peut l’attribuer en bonne partie aux spéculations actives entreprises sur cet article dans les dernières années de la période. Dans la Suisse orientale surtout, les commerçants de Saint-Gall et d’Appenzell s’étaient jetés sur ces opérations qui restaient, après la ruine du commerce légal, leur seule ressource ?.

Les filés allemands entraient dans une proportion toujours plus forte dans l'importation, mais les produits anglais occupaient encore malgré les prohibitions une place importante. La contrebande continuait son œuvre avec succès sur la Baltique; mais c’est surtout en Turquie qu’elle opérait mainte-

1 Voir p. 108.

2 Ce furent surtout de jeunes commerçants qui se lancèrent dans ces affaires hasardeuses et se chargèrent de faire passer les filés en France et en Italie. Quelques-uns s’y ruinèrent, d’autres réussirent à se faire de belles fortunes. Parmi ces derniers se trouvait le commerçant saint-gallois S. Conrad Schoch qui fit de ses richesses l’usage le plus bienfaisant.

Appenz. Monatsblatt, 1835; — Wartmann, p. 329.