Le système continental et la Suisse 1803-1813

Situation désespérée de l’industrie et du commerce suisses à la fin de la Médiation.

ASE —

nant, profitant du désarroi causé par l'expédition de Russie 1. Les « twists» anglais remontaient le Danube, pénétraient en Suisse mêlés aux filés saxons, puis continuaient leur chemin sur la France et l'Italie. On remarque d’ailleurs de fortes fluctuations, qui coïncident avec la marche des événements politiques. Les quelques chiffres suivants sont significatifs à cet égard; ils nous indiquent pour le mois de décembre 1811, 18172 livres de filés; pour celui de janvier 1812, 7943 livres, et enfin, pour les mois de novembre et décembre 1812 qui coïncident avec la déroute de Russie, 51 185 livres et 64600 livres. De même en 1813, ces oscillations suivent assez exactement les péripéties de la guerre d'Allemagne et nous donnent pour mars pour mai et pour août

147 649 livres 16 315 livres 133 107 livres.

Ce dernier chiffre très élevé avait excité à la veille de la bataille de Leipzig les appréhensions du commissaire Heer.

Quelques maisons saint-galloises paraissent avoir brillamment fait leur profit de ce genre d’affaires. Mais elles sont seules à bénéficier de la situation intolérable dans laquelle se trouve l’Europe et partout ailleurs l’industrie et le commerce suisse offrent un tableau navrant.

Aux appels répétés de la Diète, aux pétitions qui le suppliaient d'ouvrir aux produits manufacturés des cantons une porte sur les marchés de l’Empire, si petite fût-elle, Napoléon avait opposé la sourde oreille. En vain l’Assemblée fédérale avait-elle essayé d’adoucir les conséquences désastreuses de la crise en activant les négociations entamées avec les Etats allemands au sujet des traités de commerce. Les tractations, constamment interrompues par les complications politiques, n’avaient donné de résultats positifs qu’avec le grand-duché de Bade. La Bavière gardait son attitude

! Une maison saint-galloise avait en Turquie un agent spécialement destiné à l’achat et à l'importation en Suisse des filés anglais. Wartmann, p. 339, 1.