Le système continental et la Suisse 1803-1813

489

Les conséquences de cet état de choses étaient d’autant plus désastreuses qu’elles atteignaient des populations montagnardes sans grandes ressources et particulièrement éprouvées par la campagne de 1799. Le peuple des vallées grisonnes et des petits cantons, conducteurs, voituriers et bateliers étaient tombés dans une profonde détresse !.

IL fallait agir en hâte pour sauver ce qui subsistait d’une activité autrefois si brillante. Mais les gouvernements ne comprirent que lentement la nécessité de réparer les routes, d'améliorer la législation commerciale et de diminuer les octrois et les péages ; leur incurie et leur passivité fit échouer maint projet de réformes.

Sur quelques points pourtant, la crise eut d’heureux résultats. Chose curieuse, ce fut le Tessin qui montra l’exemple à ses confédérés. Ce canton, qui se ressentait encore de la pitoyable administration des baillis et dans lequel, avant 1803, on aurait eu peine à trouver un chemin praticable, entreprit dès 1804 la construction d’une grande route de la frontière italienne au Gotthard?. Cette œuvre, magnifique pour lépoque, fut activement menée malgré les difficultés financières où se débattait le jeune gouvernement et suscita l’admiration de la Diète. D’autres cantons, qui avaient intérêt à entretenir leur transit suivirent l'impulsion donnée. Saint-Gall fit bâtir de 1807 à 1811 le fameux pont sur la Sitter et ainsi que Thurgovie, augmenta notablement son réseau de routes. Argovie établit à grands frais de 1805 à 1809 une voie importante par le Staffelegg, pour relier son chef-lieu avec le Frickthal, Vaud élabora en 1811 sur l'entretien des chemins publics, une loi très complète qui répartissait judicieusement les frais entre l'Etat et les communes #.

1 Helv. Alm., 1805, p. 15.

2 Décret du Grand Conseil du Tessin du 29 mai 1804. — En 1808, l’entre-

prise avait déjà coûté un million de lires. Interrompue pendant quelques mois après l'occupation du canton par les Français en 1810, la construction fut reprise le 18 mai 1811.

Oechsli, p. 721.

3 Oechsli, p. 720.