Le système continental et la Suisse 1803-1813

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clairement dans les pétitions des industriels et les enquêtes officielles. Péniblement enrayée jusqu’en 1810, la dégringolade s’accentue à partir de cette date, rapide et irrémédiable. Les années suivantes n’apportèrent à Genève que de nouvelles déceptions.

Au début de l'Empire, un décret avait accordé une prime à tous les produits manufacturés français qui pénétraient en Italie. Cette mesure avait été motivée en partie par le désir de mieux combattre les indiennes suisses. En facilitant dans cette direction les opérations commerciales, elle avait compensé en quelque mesure les déficits qu'éprouvait Genève sur les marchés de la France. En 1811, le gouvernement, estimant que l'exclusion des toiles imprimées suisses était suffisante, avait aboli la prime sur l’Italie pour la reporter sur les produits exportés dans le Nord. Cette modification eut pour le commerce genevois au delà des Alpes les conséquences les plus fâcheuses, à un moment où on ne pouvait espérer se dédommager du côté du Nord.

L'année 1812 portait le dernier coup aux fabriques genevoises en bouleversant leur dernier débouché. La retraite des armées d'Espagne et d'Italie vint interrompre la foire de Beaucaire et suspendre toute expédition de marchandises à cette destination. Les offres de secours et de prêts que fit à ce moment le gouvernement français arrivaient trop tard. Au début de 1813, les dernières maisons suspendaient leur travail.

Le tableau suivant contribuera à faire saisir plus clairement la marche descendante qu’elles avaient suivie dans l’espace de six ans !.

1 Ce tableau n'indique que les lignes générales du mouvement, sans tenir compte des hauts et des bas momentanés, comme ceux qui se produisirent par exemple après le décret de Trianon. D’après ces chiffres, l’activité de la maison Labarthe avait à la fin de la période diminué de moitié, celle de la maison Petit-Senn des deux tiers. Les autres maisons n’existaient plus.

Ajoutons que le salaire journalier moyen de l’ouvrier était tombé en 1812 à 4 fr. 50.

Arch. Genève, Industrie, 399, 1,806 ; 500, 1811; — Idem., P. H. cccx 4, 1810, 1811, 1812.