Le système continental et la Suisse 1803-1813

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quement à la France, s'ils avaient pu prévoir la suite de la politique impériale et la douloureuse crise des années suivantes. On peut rapprocher étroitement la situation faite par le système continental aux tissus imprimés à Neuchâtel et à Bâle. Ces deux centres industriels eurent tout particulièrement à souftrir de la perte du marché français. Tous deux, spécialisés dans les mêmes articles que Mulhouse, c’est-à-dire les indiennes mi-fines et les tentures pour meubles, ressentirent plus vivement la concurrence alsacienne. Pour tous deux la crise décisive se produisit dans les premières années de l'Empire; seulement, tandis que la tempête emportait les maisons bâäloises, celles de la principauté réussissaient au prix de graves pertes à lui résister.

C’est en 1807 et 1808 que la crise atteignit à Neuchâtel son maximum d'intensité. À ce moment elle avait déjà provoqué deux faillites et réduit le nombre total des ouvriers à 6602. Au début de 1808, la situation était intenable. Quelque temps auparavant, le fabricant J.-J. de Luze, petit-fils du fameux réfugié, avait fait auprès du maréchal Berthier des démarches pour obtenir l’abrogation des décrets prohibitifs. Le 25 janvier, accompagné de plusieurs industriels, entre autres MM. Dupasquier et Verdan, il présentait au prince une pétition qui signalait l'effet désastreux des prohibitions sur la production des toiles peintes. Malgré sa bonne volonté, Berthier ne put donner que des promesses à ses nouveaux sujets ?,

Il faut sans aucun doute attribuer à l’heureuse reprise des affaires sur le marché allemand en 1808 et 1809, l'arrêt de cette chute rapide %. Des huit maisons dont on cite les

1 De 1807 à 1808, la population de la principauté diminua de 955 âmes.

? Musée neuch., 1882, p. 164 ss.

3 Le grand succès des indiennes fines pour ameublements fournies par les maisons neuchâteloises avait particulièrement contribué à améliorer la

situation sur les marchés de Francfort et Leipzig. Gem. Schw. Nachr., 27 avril 1810, — voir p. 170.2.