Le système continental et la Suisse 1803-1813

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de toiles était tombé pour toute l’Argovie au chiffre dérisoire de 27 667 pièces ; en regard de la production magnifique du siècle précédent, c'était une diminution des cinq sixièmes ?. La Chambre de commerce d’Aarau pouvait à juste titre écrire à son gouvernement : « Toute l’industrie du pays est paralysée 2. »

A Glaris, le tissage livrait aussi des toiles ordinaires ; par suite de la faveur dont jouissait la filature à la main, son apparition dans la vallée fut tardive. Lorsque survinrent les premiers filés anglais, la population passa avec ardeur du rouet au métier à tisser. Les premières maisons d’indiennes se fondaient à ce moment. Nulle part peut-être l’évolution du tissage n’a été associée à celle des toiles peintes aussi étroitement qu'à Glaris. Vers 1780, ces deux industries prennent leur élan simultanément, subissent ensemble un arrêt en 1798 et reprennent en même temps leur marche sous la Médiation 3.

Jusqu’alors le tissage s’était concentré dans la partie inférieure et moyenne de la vallée et sur les bords du lac de Wallenstadt. Dans les premières années du siècle, il gagnait la partie supérieure du pays, remontant les vallées de la Linth et de la Sernft #.

La prospérité des maisons d’indiennes contribua pour une bonne part à entretenir le travail domestique chez les tisserands. Elle fut favorisée par l’intervention des maisons de commerce indigènes qui jouaient en Suisse à l’égard des tissus de coton un rôle analogue à celui des Glaronnais en Italie pour les tissus imprimés. Elles écoulaient sur les marchés voisins, notamment à Lichtensteig dans le Toggenbourg et à Saint-Gall, l'excédent de la production des toiles.

1 De ces 27 667 pièces de toile de coton, 15 459 revenaient au district de Kulm et 10 621 à celui de Lenzbourg.

Verhandl.- Blätter, 1817.

? Bronner, p. 485.

3 Jenny, I, p. 410. 4 Atlas, 1820.