Le système continental et la Suisse 1803-1813
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raison dès 1760, il quadrupla en peu de temps la population de certains villages !. À ce moment, les Saint-Gallois et les Appenzellois abandonnèrent la fabrication des toiles pour se livrer exclusivement à celle des mousselines, aiguillonnant ainsi la production dans le Toggenbourg dont les tissus acquirent une renommée de finesse et de solidité incomparable?. A la veille de la Révolution, le tissage occupait la moitié de la population de la vallée. Cette prospérité favorisa l'émancipation économique du pays, qui jusqu’alors était tributaire du marché saint-gallois et, depuis le dernier quart du dix-huitième siècle, se libérait graduellement de cette tutelle. L'indépendance politique proclamée en 1798 et enfin les années de la Médiation vinrent confirmer encore l’importance du Toggenbourg.
De façon générale, les anciens sujets du prince-abbé n’eurent pas à se plaindre du système continental et leur situation comparée à celle de leurs voisins était avantageuse. Leur précoce évolution vers le tissage, au dix-huitième siècle, leur fut un grand bonheur et leur permit d’utiliser les cotons du Levant pendant que sévissait le système continental. Les autres districts du nouveau canton de Saint-Gall et ceux d’Appenzell, adonnés à la filature à la main ou au tissage des mousselines, étaient forcés de se servir de cotons d’outremer. La crise sur les articles de luxe les fit passer par de terribles souffrances alors que le Toggenbourg offrait un tableau relativement prospère. Le simple tisserand, poursuivant le mouvement d’affranchissement commencé dans les dernières années du dix-huitième siècle, secouant la tutelle
1 Hungerbühler, p. 37 ss. ; — Wartmann, p. 131 ss.
? La renommée de ces tissus était telle qu’à l’étranger, s’il faut en croire un témoignage de l’année 1775, on donnait le nom de « draps du Toggenbourg » à toutes les toiles de qualité supérieure, même lorsqu’elles ne provenaient pas de cette région. Pour suffire à la demande, les commerçants de la vallée durent parfois faire venir secrètement de la marchandise de Zurich.
Hungerbühler, p. 45.