Le système continental et la Suisse 1803-1813

La crise aiguë de ces deux branches indusirielles dans les cantons d’Appenzell, SaintGall et Zurich.

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à Schaffhouse, inspirés par l'exemple des Saint-Gallois, ne tardèrent pas, eux aussi, à faire travailler à leur compte en Souabe et dans le Vorarlberg !.

C’est ainsi que les fabricants suisses avaient englobé dans leur sphère d’activité, en Allemagne et en Autriche, des territoires infiniment plus vastes que tous les districts appenzellois, saint-gallois et zuricois réunis. Mais si les brodeurs de ces cantons ne pouvaient prétendre au record de la quantité, au moins détenaient-ils sans conteste celui de la qualité. On confiait aux ouvrières d’Appenzell l’exécution des travaux les plus délicats, des compositions les plus artistiques, des motifs ornés de fils d’or et d'argent.

Les dessins à ramages, pois, mosaïques, grandes et petites fleurs, variaient suivant le pays et les caprices de la mode =. Ces tissus brodés s’écoulaient dans tout le continent. A parür de 1780, la production gagnait encore en intensité et vers 1790, elle occupait dans la seule Suisse 30 à 40 000 personnes. Les deux industries de la mousseline et de la broderie offraient ainsi à la fin du dix-huitième siècle un spectacle unique ; elles détenaient en Europe un monopole incontesté auquel étaient intéressés non seulement les cantons, mais aussi plusieurs Etats voisins à.

Or, c’est précisément avec le nouveau siècle et la période du système continental que succombe ce monopole, Grâce à la crise de l’Helvétique, les mousselines anglaises et écossaises prirent pied sur le continent. En 1803, peu de temps avant la promulgation des décrets de brumaire, on vit les tissus légers de Glascow envahir en grandes quantités les mar-

La broderie était plus particulièrement développée en Souabe dans la région de Bonndorf, Villingen et Sigmaringen et dans le Vorarlberg dans la vallée du Bregenzer Ach. Ces deux régions travaillaient activement pour lPindustrie suisse.

2 En 1780, par exemple, la France et l'Allemagne réclamaient uniquement les mousselines brodées à petites fleurs tandis que la Russie et la Pologne préféraient les motifs à grandes fleurs.

Wartmann, p. 163. 3 Wartmann, p. 161 ss. ; — Atlas, 1770 ; — Gothein, p. 173.