Le système continental et la Suisse 1803-1813

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appelé la « Mousselinen-Kasse » qui faisait à des conditions favorables des prêts sur hypothèques !. Il fut peu fréquenté d’abord, mais dix ans après, lorsqu'une crise momentanée en 1795 et 1796 fit baisser tous les prix des articles de luxe, il se révéla comme une ressource précieuse; pendant la Médiation, il permit aux fabricants de faire face aux éventualités. Il paraît certain que jusqu’en 1810, la situation financière de cette institution resta ferme, ce qui prouve que la production des tissus fins se maintenait active ?.

Les deux années 1811 et 1812 réalisèrent en une fois ce que tous les efforts de l'Empereur n’avait pas réussi à provoquer. L’épuisement complet de l’Europe et le contre-coup des événements politiques sur la vente des articles de luxe déterminèrent à ce moment une crise foudroyante, dont on peut suivre les progrès dans les différentes mesures prises par la « Mousselinen-Kasse». Ainsi, en février 1811, par crainte des séquestrations, le directeur de la maison exigeait des garanties plus rigoureuses pour le remboursement des prêts. Dans l’automne de cette même année, bon nombre de fabricants se déclaraient incapables de satisfaire à leurs engagements et abandonnaient leurs marchandises. Enfin, en août 1812, la « Mousselinen-Kasse » réduisait de 50 000 gulden son capital.

A ce moment, la situation paraissait sans espoir. [mpuissant, le gouvernement d’Appenzell adressait un suprême appel aux riches, les conjurant de subvenir à la misère de leurs concitoyens. Partout le travail était suspendu ; partout le flot de l’émigration emportait les fileurs et les tisseurs et,

4 La « Mousselinen-Kasse » avait été créée sur le modèle d’un établissement de crédit sur les toiles de lin, la « Leinwand-Kasse. » Elle débuta avec un fonds de 150 000 gulden. Les dépôts de mousselines qui servaient d’hypothèques devaient avoir une valeur minimale de 500 gulden. Le taux fut au début fixé à 4 %.

Wartmann, p. 153.

2 En 1809, le marché de Hérisau était encore très actif et la ville comp-

tait, d’après Sturzenegger, 194 petits fabricants et marchands de filés. Sturzenegger, p. 9.