Le système continental et la Suisse 1803-1813

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En augmentant à l’infini la production des indiennes, les cylindres à impression jouèrent dans la fabrication des toiles peintes le même rôle que le blanchiment chimique pour celle des toiles blanches. Ils remplaçaient les vieilles méthodes de l’impression à la main ou à la planche. Le nouvel appareil avait l’avantage de réunir les diverses opérations de impression qui s’exécutaient alternativement avec l’ancien procédé, et de rendre la production continue. Il permettait de réduire le personnel dans des proportions considérables et réalisait un énorme gain de temps; les dessins étaient aussi plus réguliers et plus variés.

Inventés en Ecosse en 1785, les cylindres à impression ne pénétrèrent que lentement sur le continent à cause des difficultés que présentait leur installation et des frais exigés par la gravure des rouleaux, aussi l'Angleterre garda toujours dans ce domaine une certaine avance.

Le procédé fut d’abord adopté en 1806 à Jouy, puis dès 1810, par les grandes maisons d’Alsace. Il pénétra presque au même moment à Genève, où le fabricant Labarthe se distingua par la perfection de ses machines !. Un peu plus tard, l'invention gagnait la principauté de Neuchâtel. Vaucher-Dupasquier, à Cortaillod et Bovet, à Boudry furent les premiers à l’introduire dans leurs manufactures de toiles peintes. Daniel Verdan fils, à Grandchamp, créa même un atelier dans lequel les mécaniciens du pays fabriquèrent toutes les pièces des cylindres et montèrent des machines complètes ; on y renouvelait aussi la gravure des rouleaux dont les dessins étaient usés ou passés de mode?. Ces innovations pénétrèrent enfin en Suisse orientale et principalement à Zurich. Chose curieuse, le grand fabricant d’indiennes Esslinger poursuivit longtemps le travail à la main tandis

1 Labarthe fit entre autres installer un cylindre à impression d’une valeur de 40 000 francs.

Arch. Genève, Industrie 499, 1, 1806.

? Petitpierre, p. 244.