Le système continental et la Suisse 1803-1813

— 953 —

On sait que peu de villes avaient eu à souffrir autant que Bâle de la politique impériale ; malgré le défaut de renseignements détaillés, on peut affirmer que le blocus continental causa aux maisons de rubans un tort énorme. Dès le début, il fallut abandonner le débouché de Strasbourg; celui de l'Allemagne fut compromis de bonne heure par la reprise du travail dans les fabriques des pays rhénans et de la Saxe. En 1810, les rubans suisses furent les premiers frappés sur le marché de Leipzig?. Les conséquences de cet état de choses se manifestèrent dès 1806 par une forte émigration. Les années suivantes, plusieurs industriels jugeant la situation intenable, transportaient leurs établissements en Alsace, notamment à Wesserlingen et à Sulz$.

C’est probablement de Bâle qu’avaient essaimé les fabriques de rubans de l’Argovie à Lenzbourg vers 1725 et à Aarau vers 1785. Elles n’étaient pas sans importance ; prospères au début de la Médiation, elles avaient atteint vers 1820 un développement assez considérable dans ces deux centres. La période napoléonienne ne paraît donc pas avoir été mauvaise pour elles#.

Quant à la fabrication des gazes de soie, intimement liée

1 Les manufactures allemandes augmentèrent leurs débouchés au détriment des fabriques de rubans bâloises, notamment dans l’Allemagne du Sud et en Italie.

Allg. Ztq., 15 mai 1804, Leipziger Jubilatemesse.

2 Gem. Schw. Nachr., 3 novembre 1810.

3 Basler Jahrb., 1885, p. 97.

4 I] paraît assez certain que l’industrie de la soie s’était aussi établie au dix-huitième siècle dans les districts bernois de l’ancienne république, mais dans quelles proportions? il est difficile de le dire. D’après les Gem. Schw. Nachr. de 1806, on aurait filé la soie dans l’Oberland ét le Guggisberg. D’après l’A/manach helvétique, il existait à Berthoud une manufacture et à Berne trois maisons de soieries et une fabrique de filoselle, qui fonctionnaient encore sous la Restauration. Nous n’avons pu contrôler ailleurs ces indications, qui ne nous fournissent du reste aucun renseignement sur le sort de cette industrie dans cette région pendant la Médiation.

Le correspondant des Gem. Schw. Nachr. parle de 2000 personnes occupées au travail de la soie dans le canton de Berne. Il y a là erreur mani-