Le système continental et la Suisse 1803-1813

Les dentelles,

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Cest ce but que poursuivirent Rodolphe Hess, à Zurich! et le Saint-Gallois Nicolas Fehr. Ce dernier travailla à Berne pour le compte de la société économique de cette ville. Ses essais conduisirent sinon à la filature mécanique, au moins à une utilisation plus rationnelle des déchets de matières premières ?.

Un an après la construction de la première machine à filer le lin par Philippe de Girard en 1811, un Glaronnais nommé Tschudi établi à Rorschach, en inventait une à son tour, mais son œuvre ne demeura pas en Suisse. Vendue pour 13 500 thalers au gouvernement prussien, elle fonctionna à Waldenburg en Silésie et fut dans ce pays la première de son espèce. Elle était d’ailleurs loin de valoir les machines analogues de France et d'Angleterre 3.

On peut rattacher à l’industrie du lin une branche parente, la fabrication des dentelles qui s’étendait dans le Jura de Sainte-Croix à Pierre-Pertuis. Cette spécialité n’avait pris d'extension sérieuse que sur territoire neuchâtelois où le travail de la dentelle au fuseau s’était concentré dans le val de Travers, notamment à Couvet, à Fleurier, aux Verrières et à la Brévine. Sans pouvoir prétendre à concourir avec celles de la Flandre, les dentelles neuchâteloises faisaient bonne figure à côté des produits de l’industrie normande. Elles se répandirent rapidement en Europe, grâce à la mode, à une contrebande active et à l’organisation ingénieuse d’un commerce intimement lié à celui de l'horlogerie.

A la veille de la Révolution, ce travail occupait dans la principauté près de 4000 personnes. Cette prospérité continua pendant la période du système continental. Deux circonstances y contribuèrent, la remise en honneur de la dentelle dans le costume du Consulat et de l'Empire et la

1 Gem. Schw. Nachr., 27 janvier 1810.

2 Tillier, IL, p. 286.

5 Heer et Blumer, Gemälde des Kantons Glarus, cité par Jenny, L, p. 73. 4 Musée neuch., 5, p. 180, 217.