Le système continental et la Suisse 1803-1813

Décadence de l’industrie des laines en Suisse au dix-huitième siècle,

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d'introduire en Suisse la confection des Jouets de Nuremberg ; un autre recommandait la culture du tabac; un cordonnier de Zurich donnait la recette pour trouver de l'or et de l'argent dans les cailloux de la Sitter ; un Neuchâtelois trouvait plus avisé « d’attendre simplement des jours meilleurs 1. »

Il fallait avant tout éviter dans le choix des nouvelles branches d’activité un facteur qui avait causé la perte des industries ruinées ; la dépendance de l'étranger. Il était essentiel de rechercher celles qui pussent trouver en Suisse leur matière première, ainsi que les débouchés suffisants à les faire vivre.

Deux industries, celle des laines et celle des pailles, parurent bientôt répondre à ces conditions, l’une très ancienne, jadis florissante, maintenant délaissée ; l’autre établie depuis peu dans le pays et en bonne voie de prospérité. C’est à elles qu'on en appela et toutes deux reçurent du système continental l’impulsion vigoureuse que nous allons voir.

On peut à juste titre s’étonner de la situation précaire où se trouvait à la fin du dix-huitième siècle la plus ancienne industrie suisse, celle des laines. Elle jouait encore au dixseptième siècle un rôle important et suffisait non seulement aux besoins du pays, mais envoyait aussi ses tissus au dehors. Que restait-il maintenant de la fabrication des draps dont on retrouvait les traces plusieurs siècles auparavant dans la plupart des villes suisses et qui avait fait notamment la réputation de Fribourg? Qu’étaient devenus les manteaux, les tiretaines et les bures que produisaient Glaris, Berne, le canton de Zurich? Quelques maigres restes de cette activité si intense subsistaient seuls à Winterthour, autrefois le centre le plus important des laineries, dans le Simmenthal, d’où sortaient de gros tissus connus sous le nom d° « Ober-

1 Gem. Schweizer, 2, p. 221; — Wartmann, p. 341.