Le système continental et la Suisse 1803-1813

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d’acclimater de nouveau le travail des laines dans le pays. Soumise à l’examen des directoires commerciaux, des sociétés de bienfaisance et des particuliers, la question fut également inscrite à l’ordre du jour de plusieurs sociétés scientifiques. Au début, on eut à lutter contre de grandes difficultés. Point capital, comment se procurer la matière première? Les laines d’Espagne, indispensables à la fabrication des tissus fins, avaient été jusqu’à la fin du dix-huitième siècle accaparées par la Grande-Bretagne !. Aujourd’hui, Français et Anglais se les disputaient avec une égale âpreté et ne laissaient arriver aucun autre acheteur. Après l’occupation de la Péninsule, Napoléon s'était efforcé d’attirer en France les troupeaux de mérinos et avait donné à ses généraux des ordres exprès à cet effet?. En même temps, on cherchait à concentrer en deçà des Pyrénées les laines espagnoles qui se vendaient ensuite à Perpignan et à Bayonne au grand profit des fabricants français ?. Restaient les laines plus ordinaires de la Saxe et de la Souabe, mais les Anglais les achetaient en masse. D’une façon générale, la demande croissante en draps pour la fourniture des armées maintenait très hauts les prix de la matière première et les spéculations, sans jamais atteindre l'intensité des opérations sur les cotons, n’en constituaient pas moins une sérieuse entrave au commerce.

1 D’après Beer, vol. 3, p. 98, l’Angleterre consommait en 1800 six millions de livres de laine espagnole.

? Corresp. Napoléon à Berthier, 16 septembre 1810; — Allg. Ztg., 6 août 1808.

3 Jusqu’en 1809, on trouvait encore à des prix très élevés des laines espagnoles sur les marchés européens. En 1810, elles furent un temps introuvables, sauf pour les Français.

Allg. Zig., 26 mars 1809, 29 juillet 4810, Ostermesse.

4 Le gouvernement impérial poussait vigoureusement la fabrication des laines en France et en Italie, A Turin notamment, il avait établi une fabrique qui fournissait des tissus de toutes espèces. IL donnait aussi une grande extension à l’élevage du mouton et aux bergeries nationales.

Moniteur, 6 septembre 1805; — Corresp. 24 août 1807, Exposé de la situation de l’Empire.