Le système continental et la Suisse 1803-1813

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opposer, si la Suisse ne s’y oppose pas elle-même d’une manière efficace. Je dois donc vous représenter, Monsieur le Landamman, la nécessité de prendre contre ce commerce des mesures vigoureuses.

Les seules qui puissent avoir un prompt effet sont qu'il soit établi dans toute la Suisse, sur les marchandises coloniales qui s’y trouvent et qui sont désignées dans le décret du 5 août, que j'ai eu l'honneur de vous adresser le 29 septembre dernier, un droit conforme au tarif indiqué dans le même décret, dont le but est de favoriser le débit des nouveaux produits continentaux qui doivent remplacer les denrées coloniales.

Déjà elles sont chargées de droits très onéreux dans toutes les parties de l'Allemagne. Le même système s’y exécute partout; mais pour qu’il ait un plein effet, il faudra qu’aucun pays ne reste ouvert à ce commerce, et qu’il y ait uniformité de mesures sur tout le continent.

Je dois donc vous demander, Monsieur le Landamman, ainsi que sa Majesté m’en charge expressément, que les mêmes droits soient établis dans toute la Suisse sur les denrées coloniales qui s’y trouvent, qu’il en soit fait, dans cette vue, une recherche exacte; qu’on n’en permette aucun entrepôt sur les frontières de France; qu’on supprime ceux qui s’y trouveraient placés, et qu’à l'avenir on s'oppose par des mesures efficaces à l'introduction de ces marchandises, qui étant prohibées dans les autres parties de l’Europe, ne peuvent d’ailleurs arriver en Suisse qu’au moyen d’un transit frauduleux et en trompant la surveillance des autres gouvernements. Si elles ont échappé dans ce trajet aux lois prohibitives qui les atteignent partout, elles ne doivent pas être admises plus librement dans un pays plus intimément lié que tout autre à la cause et aux intérêts de la France.

Tant que cet abus subsisterait, tant qu’on aurait à craindre du côté de la Suisse des versements frauduleux, son commerce légal avec la France ne pourrait obtenir ni faveur, ni étendue. La Suisse est donc intéressée pour multiplier ses communications avec les Etats de sa Majesté, à adopter le même système contre le commerce de ses ennemis; et il est à observer « que plus la configuration de l’Helvétie offre de facilités pour y faire le commerce prohibé, plus il est néces-