Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

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été oublié à Forges, et plus d’un habitant du pays me l’a redit et confirmé. Le Rat, m’apprend M. Lefèvre, si exactement instruit dé ce qui touche les choses de la contrée, Le Rat, suivant toute apparence, avait été l’âme d’une municipalité illettrée, et, sans aucun doute, l’auteur des pièces bizarrement emphatiques dont on a vu les types principaux.

En face des souvenirs de cet homme, on a plaisir à trouver dans le même recueil le nom d'humbles servantes de Dieu que les autorités locales destituèrent de leurs fonctions d’insiitutrices, le 3 décembre 1792. « Délibérant, dit l'arrêté, sur le refus constant des Sœurs de notre commune, dites les sœurs Marie-Anne, de prêter le serment exigé des fonctionnaires publics chargés de l'instruction publique, considérant que lesdites Sœurs, par ces refus réilérés, ont perdu notre confiance, et que l'instruction publique des enfants de notre commune en souffrent. »

Que l’on me permette de signaler encore, parmi les documents que j'ai copiés à la mairie de Forges, deux pièces qui, pour l’histoire du temps, ont leur part d'intérêt.

La première constate la renonciation faite à ses titres de noblesse par un homme qui portait un nom respecté et connu, celui de Thomas Du Fossé. Parmi ceux qui l'avaient honoré, on compte Pierre Thomas, l’ami dévoué d’Arnaud, de Pascal, de Nicole, le savant collaborateur de Tillemont dans ses immenses recherches sur l’histoire de l’Église; Antoine-Augustin Thomas, membre du Parlement, qui signa les Remontrances de 1755, et que le dévouement de sa fille sauva de la prison en 1772. Le procès-verbal que l’on va lire se rapporte à son fils, dont la biographie fournirait à elle seule de longs développements. Marié en Angleterre à Monique Coquerel, contre la volonté de son père, qui repoussait celte mésalliance, Augustin-François Thomas s'était fait protestant, pour mieux accentuer encore sa révolte filiale. IL avait, comme on va le voir, adopté les idées nouvelles.

« Cejourd'hui trois frimaire l’an deux de la République française une et indivisible est comparu le trente brumaire dernier en la maison commune, en permanence, le citoyen Augustin François Thomas domicilié en la commune du Fossé de larrondissement du cheflieu de canton de Forges, de retour depuis quelques jours étant en commission pour le Département, lequel a déclaré que fiers de l'honorable titre d'homme Libre d’être Républicain il venait déposer sur le bureau ses vains titres paprasses dignes momeries de la féodalité, de la vanité, de l’orgueil Et de la tyrannie, pour être Livrés aux flames, ne voulant désormais conservé d’autres titres que celui d'homme libre Et de citoyen français, qu’il a aussi apporte toutes les autres paperasses, aveux, monuments précieux de la servitude pour n’en