Lepeletier de Saint-Fargeau et son meurtrier : documents inédits

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même de son mariage avec mademoiselle Sagot, Le Rat croit pourtant devoir encore garder le poste, les avantages et le nom de curé de Forges.

Nous le voyons par celte autre pièce :

« Ce jourd’huy dix-sept décembre mil sept cent quatre-vingt-douze, l'an premier de la République française, assemblé au lieu ordinaire de nos séances. Le citoyen Louis Le Rat, curé de cette paroïsse Elu officier municipal en vertu de la loi du 19 octobre 1792, suivant le procès-verbal du dimanche neuf présent mois, a presté entre nos mains le serment voulu d'être fidel a la nation, de maintenir detout son pouvoir la liberté et l’egalité et de mourir a son poste en la deffendant. En observant qu'il n’acceptait que provisoirement dans l'incertitude ou il est que la loi n'ait déclaré incompatible sa qualité de curé avec celle d’officier municipal. »

Ce fut seulement neuf mois après que, marié depuis près de deux ans, l'émule de Chabot et de Monestier se décida à quitter la prêtrise. Nous possédons sa déclaration, dont les termes railleurs et hautains valent la peine d’être reproduits :

« Ce jourd’huy vingt-huitième jour de Brumaire, l’an deux de la Republique française une et indivisible; en la Maison commune, en la séance du Conseil général permanent; s’est présenté le citoyen Louis Lerat exprestre, curé de notre paroïsse et administrateur du Conseil général du département de la Seine-inférieure; lequel nous a remis sur le bureau cest titre de prelris et a dit :

« Citoyens, freres et amis, je n’ai point attendu la loy du divorce pour « me séparer de la vieille et antique épouse des papimanes; malgré les « hurlements du fanatisme et de l'ignorance, je suis marié depuis deux « ans, non pas à une épouse invisible, mistérieuse et surnaturelle, mais « tout naïvement à une femme très-visible, naturelle et raisonnable que j'ai « choisie parmie les filles des hommes, c’est assez prouver que je ne suis « plus prestre; je n’en ai jamais eu le caractère n'y l'esprit; mais plus « baux titre sont ceux d'homme libre et de citoyen français.

« En conséquence je demande acte de ma déclaration et du dépôts de «mes paprasse d'église. »

« Et a Le dit citoyen signé sa déclaration.

Signé : LERAT.

« On aplaudit! »

Lorsqu'en 1802 Bonaparte vint à Forges-les-Eaux, accompagné de Joséphine et de ses enfants, il descendit et logea dans la maison du maire, maison en face de laquelle habitait l’ex-curé Le Rat. Celuiei voulut, comme tant d’autres, êlre reçu par le premier consul. Mal lui en prit, car Bonaparte lui dit en face et durement qu’il ne faisait pas plus de cas d’un prêtre apostat que d’un soldat déserteur. Le mot, qui affecta profondément le triste visiteur, n’a point