Les états généraux en France

LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE. 887

alors comme aujourd’hui, ont cours, fait la concession de ne pas admettre les décrets du concile. Preuve convaincante que, dans l’ancienne France, l'esprit légiste n’eut pas seulement des étroitesses; il eut, à certains jours, des affinités avec l'esprit révolutionnaire : non plus que lui, il n’est satisfait si on se réforme: il veut réformer lui-même. Quoi qu’il en soit, on à pu dire des députés d’alors que, par leur expérience des affaires, et aussi par cette énergie passive qui leur fit résister aux demandes d’argent de la cour, «ils méritent le respect de la postérité. » Les premiers Etats de Blois sont de ceux qui tiennent une grande place dans notre histoire. Il n’en est pas de même des seconds. Réunis à Blois en 1588, les députés, ceux du tiers état surtout, n’ont « ni l’initiative, ni l’intelligence que leurs prédécesseurs avaient montrées en 1576. » Désireux, eux aussi, du bien public, ils se laissent prendre aux feintes de Henri IT, qui, soucieux seulement d’obtenir des subsides, promet et retire à tour de rôle : il ne tient pas du tout l'engagement de réformer sa maison et de se contenter « d’un chapon, » si son peuple est d'avis que c’est trop de deux. Souillée par le meurtre du duc de Guise et par celui du cardinal son frère, cette session qui, de toutes nos assemblées, est restée « la plus douloureusement stérile, » se clôt au milieu du découragement et des appréhensions de tous. Les députés se quittent les larmes aux yeux, laissant en prison cinq des leurs , arrachés violemment à leurs délibérations et pris comme otages par un roi débauché, fourbe et assassin.

Aux États de la Ligue (Paris, 1593) il ne faut demander que ce qu'ils sont appelés à faire. Leur mission, purement politique, point administrative, est de donner un roi à la France. On peut dire d'eux qu'ils contribuent à lui donner Henri IV. — N'est-ce rien? Sommés de choisir entre un prince espagnol et un prince de la maison de Guise, les députés, divisés entre eux et harcelés par des obsessions de toutes sortes, ne furent pas aussi dénués de patriotisme que le voulaient les intrigues de l'Espagne. Ils surent faire échouer toutes les manœuvres, atermoyer habilement, en un mot, obtenir l’avorte ment des États au profit d'Henri IV. Notons aussi que les États de la Ligue ne se séparent pas sans avoir reçu en France le concile de Trente.

A propos d'Henri IV, roi sans pareil, grand seigneur et prince populaire, bonhomme et fin, dont on peut affirmer, sans faire tort à la vérité historique, que les éminentes qualités furent toutes dépassées par le savoir-faire, nous avons dit tout ce qu’il nous appartenait de dire sur l'assemblée des notables réunis à Rouen en 1596. Nous

voici arrivés à nos derniers États Généraux, à ceux qui se tin-