Les états généraux en France
888 LES ÉTATS GÉNÉRAUK EN FRANCE.
rent à Paris en 1614, au moment où finit la minorité de Louis XII.
Jamais {ravail ne fut plus complet et, en somme, mieux dicté par le sens pratique et l’expérience, que ne le fut le vaste ensemble des cahiers rédigés alors par les trois ordres. Ils embrassent toutes les questions : affaires ecclésiastiques, organisation judiciaire, législation, finances, commerce, armée. Les cahiers du tiers état, en particulier, se distinguent par un fond de raison, par une claire vue des besoins du temps et des réformes à accomplir, qui, sans aboutir immédiatement, devaient, quinze années plus tard, inspirer le grand édit de 1629.
Ainsi en fut-il de la plupart des sessions, qui, même avortant en apparence, ont conduit à d’incontestables résultats. Sans parler du contrôle intermittent, par conséquent incomplet, et cependant salutaire, que les députés de la vieille France exercèrent souvent, surlout en matière de finances, on peut affirmer, avec tous ceux qui ont sérieusement étudié notre histoire, que les Etats Généraux ont obtenu, par voie indirecte, plusieurs résultats importanis, qui directement leur ont échappé. C’est à l'influence des États que sont dues la plupart des grandes ordonnances de nos rois, portant réformes et redressement d’abus. Dans ces réformes, il est juste d'attribuer aux États Généraux la part d'influence qui leur revient. Il faut reconnaitre que, même aux époques où leurs doléances ne sont pas immédiatement accueillies, ils éveillent des idées, ils préparent des institutions, ils déposent dans notre sol des germes que l’avenir fera éclore et fécondera.
IV
OÙ NOUS EN SOMMES. — ANGLETERRE ET FRANCE.
Ce n’est plus sur nos pères, c’est sur nous-mêmes qu’il faut maintenant porter nos regards. Ayant sous les yeux le tableau que, sur invitation de l'Académie, un maître de la bonne école historique moderne a produit, nous venons d’esquisser à grands traits quelque chose de notre passé. L'avenir ne nous appartient pas. Quel est le présent ? |
La Révolution française est venue; elle a fait son œuvre. Tout le monde est d'accord pour constater ce qu’elle a détruit; on ne l’est pas sur ce qu’elle a fondé. Nous a-t-elle donné tout ce que nous prometlait la marche lente et progressive du temps; tout ce qui se trouvait dans le programme, tout ce que méritaient les efforts de ces