Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 233

IX LYONNAIS, FOREZ ET BEAUJOLAIS

Jules Alexandre de Marbeuf était archevêque-comle de Lyon, primat des Gaules, depuis le milieu de l’année 1788. Maisil avait eu soin d'éviterles dangers que présentaitle chômage de la grande fabrique lyonnaise et les dépenses de charité auxquelles l’eussent exposé le plus rigoureux des hivers succédant à la plus insuffisante des récoltes. Il était resté à Paris, exerçant avec une haute galanterie la charge la plus lucrative de l'Église de France, celle de Ministre tenant la Feuille des bénéfices. Sa première et unique manifestation archi-épiscopale vis-à-vis de sa province ecelésiastique avait été, le 28 janvier 1789, ce fameux mandenent de carême, « portant permission de manger du beurre et du fromage », lançant tous les anathèmes du prophète Isaïe contre le mouvement qui entrainait la France vers «une subversion totale », et maudissant « cette nation criminelle, cette race méchante, cette nation corrompue, qui blasphémait le Saint d'Israël ».

Ce mandement avait soulevé l’indignation dans tout le pays. À Lyon même, un curé (1), et un moine, (2), avaient publiquement rappelé le prélat furieux à la raison et à la charité (3).

Le Clergé inférieur lvonnais vint à l'assemblée électorale de la sénéchaussée, très animé contre l’archevêque. Mais

(1) Lettre d'un curé lyonnais.

(2) Lettre du père Lambert à M. de Marbeuf.

(3) V. Ch. L. Chassin, /e Génie de la Révolution,t. 1, p, 255258 .