Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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celui-ci s'abstint de paraitre, et ses grands vicaires, appuyés des chefs de congrégations puissantes et des très riches et très nombreux bénéficiers de la grande cité, réussirent à neutraliser l'action des curés. La députation se partagea entre un grand vicaire doyen de l'Église cathédrale, plus le prévôt du chapitre noble de Saint-Martin d'Aynay, pour le haut clergé, et, pour le bas clergé, les curés de St-Chamont et de Rochetaillée.

L'indécision d’un collége électoral, partagé en deux moiliés égales, d'esprit et d'intérêts différents, éclate à chaque article du cahier (1).

Cependant, en dehors des questions cléricales, sur les questions d'impôts, de réformes judiciaires et de constitution nationale, le cahier de Lyon est des plus libéraux. Il a même mérité d'être cité par un publiciste royaliste (2), «pour montrer combien, à ce moment-là, catholicisme et aristocratie s’accomodaient de la liberté ! » (3)

Seulement, le publiciste qui a écrit cette phrase a omis de rappeler et de se rappeler l'absence de l’archevèque-primat et son mandement. Tout ce qu'il y a de libéral et de démocratique dans le cahier du clergé de Lyon a été suscité par les curés indignés et subi par le haut clergé sans chef, en négation formelle des opinions publiquement professées par l'inéligible de Marbeuf.

Directement contre le furibond mandement du 28 janvier est rédigé le calme et généreux préambule du cahier du 14 mars, où le roi est remercié d’avoir fait le sacrifice de son pouvoir absolu; où ensuite il est ordonné aux députés du clergé « de se regarder bien plus comme les représen-

(1) Arch. Part. t. IT, p. 599-602).

(2) M. Léon de Poncins, qui le reproduit en entier, p. 331-346 de ses Cahiers de 89 ou les vrais principes libéraux, in-8° 1866.

(3) p. 199.