Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 35

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tants de la nation entière, nommés pour elle par des citoyens électeurs, que comme ceux d’un Ordre particulier ; » où enfin l'abandon des privilèges pécuniaires du premier Ordre est totalement accordé parce que «il ne peut convenir au clergé de se séparer du corps de la nation; c’est d'elle qu'il reçoit sa considération, c’est d'elle qu'il a reçu ses biens; ses intérêts doivent ètre confondus avec les siens. »

L’aristocratie cléricale ne réussit pas à faire adopter le vote par Ordre; mais elle parvint à rendre tres compliquée l'application du vote par tête, consenti par le clergé inférieur: « En matière de contributions et d'impôts les délibérations des États généraux seront prises par la totalité des représentants de tous les Ordres réunis en une seule assemblée, et la pluralité ne sera acquise que par la réunion des deux tiers de voix au même avis ; —- si le vœu patriotique que forme l'Ordre du clergé que les trois Ordres se réunissent même en matière de législation, ne pouvait s’accomplir,il sera déclaré que, dans le cas où les trois Ordres délibéreraient séparément, la pluralité ne sera censée acquise dans l'Ordre opposant que par la réunion des trois quarts des voix contre la résolution prise par les deux autres Ordres. »

Les curés étaient bien certains que les deux tiers du premier Ordre ne pourraient jamais se trouver d'accord contre les réformes revendiquées par le tiers-état et ardemment désirées par eux. Mais, comme surcroît de précautions, et pour stériliser les concessions et contradictions auxquelles la composition de l’assemblée lyonnaise les avait forcés, ils firent insérer à la fin du cahier: « L'Ordre du clergé n'a point entendu prescrire à nos députés des lois dontils ne puissent s’écarter; il n'ose se flatter d'avoir indiqué tout le bien qui peut se faire, et même avec les motifs les plus purs, de ne s'être pas trompé sur les moyens de préparer