Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

244 LES CAÏHIERS DES CURÉS

Les curés de l’Anjou avaient des premiers répondu à l'appel de leurs confrères du Dauphiné (1). Dans l'assemblée électorale du mois de mars 1789, qui fut très-longue et très-orageuse (2), ils se trouvèrent en majorité; mais leur action fut atténuée, sinon pervertie, par la présence de l’évèque, de tous les abbés mitrés, de tous les bénéficiers riches et influents de la province. Leur cahier (3), plein de concessions, passe pour avoir été rédigé par le célèbre abbé Bernier, l'un des « apôtres » de la guerre de Vendée et plus tard l'un des instigateurs du Concordat. Il fut confié à une députalion qui ne comprenait ni l'èvèque, ni les chefs des riches congrégations du pays, mais dans laquelle ceux-ci étaient représentés par un chanoine et un archiprêtre, et où il n’y avait qu'un seul curé de campagne.

Dans la seconde sénéchaussée de l'Anjou, à Saumur, point d'évêque ni de bénéficiers puissants. « Aucune restriction n'est mise aux pouvoirs du député des curés; » le cahier (4) exprime, presque sans réticence, la pensée du clergé inférieur. Il s'ouvre par des remerciements enthousiastes au roi qui vient de rappeler ces Assemblées nationales « qui ont toujours produit dans la monarchie française les effets les plus remarquables du patriotisme généreux, » et pour la « protection spéciale » dont Sa Majesté a daigné honorer « ces pasteurs qui veillent continuellement sur un troupeau dont ils éclairent la soumission, soutiennent la patience, consolent l’indigence et dans le cœur duquel ils transmettent l'amour d'un bon roi, dont ils sont intimement pénétrés. »

Le premier chapitre, consacré aux lois est très-correc-

(4) V. ci-dessus, p. 118.

(2) Antonin Proust, Arch. de l'Ouest, IV, 19. (3) Arch, part. t. II, 30-32.

(4) Ibid. V. 718-720