Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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de vingt-cinq ans, ne pouvaient avoir de sulfrage personnel ni se présenter comme fondés de procuration; » 39 qu'un ecclésiastique, domicilié au séminaire, s’il était dans le premier cas, n’était pas privé de donner son suflrage. »

Cette décision ne diminua guère la force numérique du parti épiscopal ; elle irrita profondément le parti des curés. L'évêque de Luçon, Marie-Charles-Isidore de Mercy, pour calmer les congruistes, feignit d'épouser leur cause, el gagna beaucoup de pasteurs de son diocèse en « donnant l'exemple d’affecter quatre des prébendes du chapitre de sa cathédrale aux anciens curés (1).» Il se fit nommer du bureau de rédaction, qu'il présida naturellement et, si c'élait un curé qui tenait la plume de secrétaire, c'était Monseigneur qui arrondissait les phrases, de facon à empêcher de passer ce qui déplaisait au clergé supérieur en persuadant à l’inférieur que sa pensée était exprimée.

Les curés plébéiens, alliés au tiers-état, sont partisans du vole par têle, et entendent réserver loute la liberté de leurs représentants, afin qu'ils expriment dans l'Assemblée de la nation tout ce qu'ils pensent, ce qu'ils ne peuvent pas dire dans une assemblée du clergé, présidée par un évêque qui, si l'Ancien régime subsistait, resterait maitre de se venger de leurs manifestations d'indépendance en les interdisant, deslituant et déshonorant. Le rédacteur-en-chef épiscopal lait écrire au Cahier (art. 2): « Les pouvoirs qui seront remis aux députés seront assez étendus pour qu'ils puissent véritablement représenter le clergé de la province aux États généraux, et que rien ne les arrête dans tout ce qui pourra contribuer au bien général du royaume et à l’ayantage particulier; mais assez circonserits pour qu'ils ne puissent rien contre la constitution de la monarchie, contre la la distinction essentielle des trois Ordres de l'État, ni contre

(4) Art, 12 du Cahier,