Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

252 LES CAAIERS DES CURÉS

Le cahier confié à ces deux curés d'extraction et, sans doute, d'opinion différente, l'un noble, l'autre plébéien, se compose d'articles très-contradictoires (1).

Il débute par des attaques contre « la licence effrénée de la presse, » et par des revendications en faveur de l’unité du culte « seul reçu en France depuis Clovis. » Si la renonciation aux priviléges pécuniaires est proclamée, on rejette néanmoins « le mode d’opiner par tête, qui insensiblement produirait la confusion des rangs et des condions, ferait dépendre la durée des institutions les plus essentielles de la mobilité des opinions de la multitude. »

L’adhésion aux remontrances de l’Assemblée générale du clergé contre l’édit de 1787, qui vient de commencer à réparer les iniquités de la révocation de l’édit de Nantes, est atténuée par cet article :

« Le retour des protestants en France et les effets civils accordés à leurs mariages, sont des objets trop graves pour qu'ils ne soient pas soumis à l'examen de la nation assemblée. Comme on peut se flatter qu'une abondance de lumières a heureusement disposé l'esprit à l'union et à la concorde, nous ne pensons pas qu’on doive refuser à nos frères errants le rang qu'ils réclament dans la société au nom de la nature; beaucoup d'entre eux le méritent par leurs vertus morales et civiles, et cet acte d'humanité et de justice ne peut servir qu'à les ramener avec le temps dans le sein de l'Église. »

Loin d’être contesté, est très-expressément reconnu le

mité de salut public (Jean-Baptiste Robert Lindet), devait devenir en 1791 évèque constitutionnel de l'Eure, voter la mort du roi à la Convention, donner l’un des premiers l'exemple du mariage des prêtres, faire partie du conseil des Anciens, un moment être exilé par la Restauration et mourir en 1823 dans sa ville natale de Bernay.

(1) Arch, part, t, IL, p, 290-295.