Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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et à la gloire de la France. » Ce n’est pas à dire que ces députés, voulant rendre les États généraux capables de délibérer et de réformer les abus de toute nature, les abus ecclésiastiques en particulier, abandonnent ce qu'ils croient être le droit divin de l'Église. Une partie de leur cahier est consacrée à la «constitution du clergé, » laquelle, par «le retour à la Pragmatique sanction, » — au régime des élections, — doit être « la rénovation totale de l'Église gallicane, antérieure à la monarchie française, corps séparé dans l'État, mais toujours sujet, Ordre toujours soumis à César, mais toujours libre. » Ils rappellent les ordonnances rendues à la suite des États généraux du XVIe siècle, « dont les guerres religieuses ont suspendu l'exécution. » Sans le moindre souci ni de l’infaillibilité papale ni de l’omnipotence royale, dont ils signalent les effets désastreux, ils chargent la nation assemblée dereplacer l’Église catholique française sur ses bases, les curés formant « la portion essentielle et constitutionnelle du clergé. »

Ce cahier, d'un gallicanisme irrité, fut rédigé par les curés seuls. Dès l'ouverture de l'assemblée électorale, le chapitre de la cathédrale de Bayeux avait protesté contre la prépondérance accordéeauclergé du second ordre.Quatre jours plus tard, le 18 mars, l’évêque de Bayeux avait protesté lui-même, et, les inférieurs ne se soumettant pas, s'était retiré de l'assemblée, suivi de toute l'aristocratie cléricale. (1).

llne fallut pas aux curés moins de treize jours (2) pour vaincre les ruses et les violences de l’évêque de Bayeux. D'abord on refusait aux commissaires qu’ils avaient choi-

(1) Les deux protestations sont jointes au cahier de Caen, dans les manuscrits des Archives nationales, R III 40, fos 237 et

suivants. (2) Raconte un contemporain, cité p. 209-216 du livre de M. Jean Wallon,