Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTPE ECCLÉSIASTIQUE 297

sis, la salle capitulaire. L’un d'eux s'écrie: « A quoi bon discuter? Venez dans mon église ; nous y serons chez nous! » On se rend à l’église désignée, et l’on en ferme les portes devant les délégués des chapitres et des couvents. Du haut de la chaire, un curé proclame : « Le premier d’entre nous vaut mieux que le meilleur des commendataires. Formons autant de groupes qu’il y a de chapelles ici... et les six délégués choisiront et tireront au sort l'un d’entre eux, qui sera notre candidat! » Tous les bras se lèvent et la motion est mise en pratique.

Le lendemain, en assemblée générale, appel nominal est fait de tous les membres, à commencer par les hauts dignitaires et à finir par les simples chapelains, jusqu’à ceux s’intitulant de wmbilico Christi. Les 400 curés, avec de bruyants éclats de rire, se donnent la majorité dans la commission de rédaction, et y font entrer en minorité impuissante un ou deux des chanoines et moines décorés des titres les plus grotesques.

A une autre séance, l’évêque et les commendataires prétendent faire annuler le vote. Un jeune curé demande qu'il soit réitéré. « Cinquante têtes pelées » se dressent d’un côté; «mille bras » — de l’autre. Néanmoins, le haut clergé revient à la charge, dépose deux protestations, l’une chapitrale, l'autre épiscopale : « IL est à craindre que la représentation du clergé soit tout entière confiée à des ecclésiastiques non possesseurs de bénéfices... Un simple règlement ne saurait dépouiller les évêques de leur qualité de premiers citoyens de l’État. Ne serait-ce pas les dégrader que de faire dépendre les élections d’un clergé qui leur est subordonné? » Cela ne touche pas les curés; ils refusent de recevoir les protestations, et comme, l’évêque en tête, les bénéficiersse retirent, ils ne les retiennent pas. Ce que voyant, un certain nombre des religieux, à l’appel d'un prieur habile, s’abstiennent de suivre le mouvement