Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

258 LES CAHIERS DES CURES

de sortie. L'assemblée reste en nombre ; les curés lui donnent pour président un vieil abbé régulier, dont la croix pectorale rappelle celle de l'évêque disparu et semble réserver Ja question religieuse dans le conflit électoral.

Grâce à l'intervention du lieutenant civil, remplaçant le baïlli royal, la nomination des 25 commissaires du Cahier s'opère en cinq bailliages, dans chacun desquels est admis un moine. Mais alors les curés commissaires, quoique en écrasante majorité, se laissent séduire, effrayer par un bénédictin, beau parleur et jouant vigoureusement du poing. Le Cahier présenté en assemblée générale ne contient presque rien des « vœux de la partie souffrante du clergé. » Les curés huent le rédacteur, le traitent de « grand vicaire, d’épiscopal, de vendu aux abbés ! » Îl est obligé de confesser les tromperies et les terreurs exercées par le formidable bénédictin. On le destitue, on refait le cahier, et l’on confère les pleins pouvoirs des baïlliages de Caen, Lisieux, Falaise, Thorigny et Vire aux trois obscurs curés de Mutrecy, de Bonœil et de Tracy, Le François, Letellier et Lévêque.

XV PICARDIE

L'ancien gouvernement de Picardie se subdivisait en sept évèchés, — Boulogne, Amiens, Laon, Noyon, Soissons, Beauvais, Senlis, — suffragants de l’archevèché de Reims. Les prélats,avec leurs chapitres,dès la publication du règlement électoral, protestèrent contre la convocation par bailliages et contre la prépondérance accordée aux curés. Il n'y aura « que peu d’évêques aux États généraux, »